Recherche-Action

Faire émerger de nouvelles valeurs économiques et sociétales par la mise en commun de données

Dans une économie désormais largement numérique, les données occupent une place fondamentale. La plupart des entreprises ont d’ailleurs compris la valeur qu’elles pouvaient représenter et la nécessité d’exploiter cette manne colossale d’informations. Mais il est généralement question de tirer uniquement parti de ses propres données et de les préserver jalousement des acteurs extérieurs.

Pourtant, l’ouverture aux autres peut s’avérer profitable à tous.

Il ne s’agit ainsi pas seulement de maximiser la valeur apportée aux entreprises, mais aussi d’œuvrer pour l’intérêt général, ce que le règlement européen sur la gouvernance des données, le Data Governance Act, cherche à favoriser avec « l’altruisme des données » (en anglais « data altruism »).

Cependant, un cadre précis est nécessaire pour envisager un tel partage entre acteurs d’un même écosystème.

C’est l’objectif du « commun de données », que l’équipe de Recherche-Action envisage à ce stade comme regroupant différentes entités autour de buts collectifs, d’activités communes et de résultats résultant de cette coopération.

La chaire Économie des communs de données (ECD) de l’Institut Mines-Télécom entend fournir des outils et des méthodes pour favoriser cette coopération.

Les objectifs de la Chaire ECD

Afin d’encadrer précisément la démarche de création de communs de données en amont, la Chaire ECD se donne pour objectifs :

  • D’identifier les besoins et les verrous liés à la construction et la pérennisation de Communs de Données,
  • De définir les conditions dans lesquelles le croisement de données pourrait se développer,
  • De tester les modèles et solutions issus des recherches académiques pour valider leur pertinence au regard des besoins opérationnels,
  • D’évaluer la création de valeurs économiques et sociétales générées par les Communs de Données.

Les quatre axes de recherche

L’équipe de recherche-action de la Chaire ECD a identifié quatre axes d’étude majeurs.

1. Stratégies de coopération par les données

Les premières réponses à apporter interviennent avant même la constitution d’un commun.

Les entreprises ont en effet besoin de déterminer, en amont, leur ambition commune, les objectifs à atteindre et l’impact recherché au moyen de leur coopération.

Quelles types de valeurs (valeur collective, valeur individuelle, valeur sociétale extra-financière …) pourraient être créées à travers cette démarche et comment les évaluer ?

Quelles sont les incitations économiques au partage des données ?

Comment les futurs contributeurs peuvent-ils valoriser le commun à la fois sur un plan économique, environnemental et sociétal ?

Les questions de la création et du partage de valeurs en écosystème revêtent ici une importance cruciale.

2. Ingénierie des communs de données

Après avoir cadré la stratégie de coopération, il convient d’en définir les modalités concrètes.

Quels outils techniques mobiliser pour procéder au traitement des données mises en commun ? Comment garantir un niveau de sécurité optimal ? Comment assurer une gestion efficace du commun de données ?

Dans le cadre de cet axe, les chercheurs aborderont également les aspects juridiques, en tenant compte des réglementations actuelles et à venir.

Ces questions s’avèrent complexes, en raison de la grande variété de sources de données, de typologies (textes, voix, images, nombres, contextes, informations, vidéos, connaissances, algorithmes) et de nature (privées, publiques, personnelles…).

La Chaire abordera notamment le sujet des données personnelles, dans le prolongement de la Chaire Valeurs et Politiques des Informations Personnelles de l’Institut Mines-Télécom. Certains communs traiteront ce type de données, d’autres non. De plus, la frontière est parfois floue entre les données considérées comme personnelles et celles qui ne le sont pas.

De même, l’équipe de recherche définira les formes juridiques possibles d’un commun de données. Faut-il privilégier un cadre souple ou plus rigide ? Le commun doit-il prendre la forme d’un consortium, d’une nouvelle entreprise, ou autre ? Les réponses à ces questions dépendront certainement des applications et des durées envisagées. C’est pourquoi les chercheurs entendent s’appuyer sur une typologie des communs de données et balayer une diversité de modèles.

3. Gouvernance des communs de données dans leur écosystème

Ensuite, comment organiser le commun de données de sorte à créer un environnement de confiance tout au long de son cycle de vie.

Il convient ainsi de définir des règles de gouvernance, servant de cadre aux relations entre partenaires.

Par exemple, faut-il créer de nouvelles instances, des comités de gestion ou de pilotage ? À quelles fréquences les réunir ?

Sur le plan juridique, quelle sera la forme légale de ce commun ? Sur quelles clauses contractuelles ou quelles licences s’appuiera-t-il ?

De même, comment assurer un partage équitable des valeurs créées ?

Toutes les entreprises ne sont pas nécessairement intéressées par les mêmes connaissances produites. Chacune devra donc tirer des bénéfices de la coopération, en fonction de sa contribution et de ses intérêts propres, toujours dans le cadre d’une finalité prédéfinie.

4. Transformation écosystémique des entreprises

Enfin, l’équipe de la Chaire ECD entend aborder les impacts systémiques de ce nouveau type de coopération par les données sur les organisations.

Ainsi, quelle influence le recours aux communs de données peut-il exercer notamment sur leur stratégie d’innovation, de partenariat, de responsabilité sociale d’entreprise ?

Sur l’ensemble de ces axes, les travaux menés associent étroitement les univers académique et industriel.

La démarche de Recherche-Action

La Chaire ÉCD fonde ses travaux sur une double démarche de recherches académiques à la fois en sciences de gestion, droit, économie, traitement des données, technologies et d’études de cas d’usage.

Ces cas d’études sont définis avec les partenaires mécènes.

Ils permettent d’explorer les questions clés portant notamment sur la finalité d’intérêt collectif, le partage de la valeur, les conditions juridiques ainsi que les modalités de gouvernance et de gestion d’un Commun de données.

Newmeric intervient tout particulièrement avec sa méthodologie CIRCULAR pour le co-design de la mise en commun de données.

Ces études visent à alimenter ensuite les axes de recherche. Les solutions proposées par les chercheurs pourront alors être testées sur les cas d’usage prédéfinis dans une démarché itérative, afin d’en évaluer la pertinence.